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• 1832; créole zonbi1 ♦ Fantôme, revenant (dans les croyances vaudou des Antilles). « les noctambules la prirent pour un zombi et l'accablèrent de jurons pour la renvoyer dans sa tombe » (P. Chamoiseau).2 ♦ Par ext. (1967) Personne qui paraît vidée de sa substance et dépourvue de toute volonté. Errer comme un zombie. « on a parfois l'impression étrange qu'on ne régit plus des sujets : on manipule des zombies » (Gracq).zombi ou zombien. m. Revenant, le plus souvent mal intentionné, selon certaines croyances vaudou des Antilles.|| Fig. Personne molle, apathique, sans volonté.⇒ZOMBI, ZOMBIE, subst. masc.A. — [Dans les cultes vaudou]1. a) ,,Dieu-serpent`` (ROB. 1985).b) ,,Pouvoir surnaturel qui peut réanimer un mort`` (ROB. 1985).2. [Dans les croyances pop. créoles antillaises] Fantôme d'un mort, revenant qui est au service d'un sorcier. Synon. mort-vivant. [Le Noir des Antilles] est convaincu que les eaux profondes, les anses solitaires et les grands arbres morts sont hantés par des esprits malfaisants, nommés Zombis (ROSEVAL, in Les Français peints par eux-mêmes, Province, III, 1842, p. 326 ds QUEM. DDL t. 12). Un zombie — homme, femme, enfant — était une personne dont le métabolisme, sous les effets d'un poison végétal, a été ralenti au point d'offrir au regard du médecin légiste toutes les apparences de la mort (...) Malgré ces symptômes de décès, le sujet zombifié conservait l'usage de ses facultés mentales (R. DEPESTRE, Hadriana dans tous mes rêves, 1988, p. 94).B. — P. ext. Personne vidée de sa substance, sans volonté. Synon. fantoche, pantin. L'acide [le L.S.D.] décape la tête quand on a quinze ans. Le cerveau fonctionne furieusement (...). Jacno a le vertige: les adultes ont l'air de zombies, de marionnettes absurdes (Actuel, févr. 1980, p. 108 ds ROB. 1985).— P. anal., empl. adj. Depuis le début du siècle, plusieurs mouvements ont choisi d'envoyer ce genre de claque à leur société anesthésiée et zombie (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 94, col. 2).REM. Zombifié, -ée, adj. Réduit à l'état de zombi. V. supra ex. de R. Depestre.Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1832 « dans les cultes vaudou, fantôme d'un mort, esprit au service d'un sorcier » les zombis, ou les esprits malfaisans (BURAT-GURGY, Le Lit de camp, III, p. 43 [Souverain] ds QUEM. DDL t. 21); 2. 1975 « personne sans volonté, qui est assujettie à une autre » (Lar. encyclop. Suppl.); cf. 1976 zombie (M. ROLLAND, La Rouquine, p. 232 ds ROB. 1985). Mot créole, haïtien, cf. 1797 (M. L. E. MOREAU DE ST MÉRY, Description de la partie fr. de l'Isle de Saint Domingue, Philadelphie, t. 1, p. 52: un comte de Zombi, mot créole qui signifie esprit, revenant), d'une lang. africaine, cf. 1765 zambys « dieux esprits des tribus africaines » (ds Encyclop. t. 11, p. 82a, s.v. nègre).ÉTYM. 1832, in D. D. L.; mot créole haïtien, d'une langue africaine, cf. nzambi « dieu », zumbi « fétiche » en tchilouba (langue bantoue).❖♦ Pouvoir surnaturel qui peut ranimer un mort.1 Outre sa croyance aux maléfices, il (le Noir des Antilles) est convaincu que les eaux profondes, les anses solitaires et les grands arbres morts sont hantés par des esprits malfaisants, nommés Zombis.2 D'ailleurs, révéla Sankolo, tous les « morts » des six derniers mois étaient, comme lui-même, zombies : morts-vivants, asservis et utilisés comme main-d'œuvre gratuite par Blancs et Noirs, vendus enfin à l'Arabie comme esclaves aux moments déficitaires du commerce.Yambo Ouologuem, le Devoir de violence, p. 114.2 (1967; surtout écrit zombie). Personne qui paraît vidée de sa substance. || « Eh quoi ! le génocide arménien ne valait-il pas les massacres juifs ? Ce peuple de deux millions cent mille habitants ramené en quelques jours à une poignée de zombies (…) » (le Nouvel Obs., 2 févr. 1981, p. 79).3 Un jour, après avoir beaucoup lu, j'osai regarder clairement le monde (…) La fameuse civilisation moderne maintenait les yeux fermés sur les problèmes essentiels de l'homme. Et aveuglément, à perte de vue, on emprisonnait, torturait, humiliait, zombifiait, racialisait, animalisait, écorchait l'homme partout où il osait lutter pour une humanité réelle. Aveuglément, on mentait à l'homme noir, à l'homme jaune, à l'homme blanc (…) J'étais l'un des fils de ce vieux mensonge (…) Je n'étais qu'un zombie parmi des milliards d'autres.René Depestre, Alléluia pour une femme-jardin, p. 117-118.3 (V. 1975; surtout écrit zombie). Personne sans volonté. ⇒ Fantoche, pantin. || « L'acide décape la tête quand on a quinze ans. Le cerveau fonctionne furieusement (…) Jacno a le vertige : les adultes ont l'air de zombies, de marionnettes absurdes » (Actuel, no 4, févr. 1980, p. 108).4 Il est perpétuellement en flag, ce mec-là, et personne ne lui demande ce qu'il fout ! S'il pointait chez Renault, croyez-moi, tout le monde le saurait, mais là, rien ! c'est vraiment le parfait zombie.Martin Rolland, la Rouquine, p. 232.REM. Le dér. zombifier [zɔ̃bifje] v. tr. est attesté (→ ci-dessus, cit. 3).
Encyclopédie Universelle. 2012.